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Blog à bouquins
1 mars 2008

Homo sapiens neanderthalis

401607730_M L'enfant du temps, Isaac Asimov et Robert Silverberg

Timmie est un petit garçon très laid. Un enfant, juste un enfant, qu'une drague temporelle a arraché au paléolithique et lâché en plein XXIè siècle. Comme il est difforme! Est-ce un être humain ou un singe?
Timmie n'a pas tout à fait quatre ans. Et il n'est pas tout à fait abandonné: Edith Fellowes, l'infirmière, a été engagée pour s'occuper de lui. Elle a vite compris la solitude et la terreur d'un petit garçon perdu dans un monde étrange. La première chose à faire, c'est de le protéger. Et de l'aimer.
Quarante mille ans avant, le vieux Nuage d'Argent continue à guider sa tribu à travers les périls de l'âge glaciaire. Les Autres sont partout. Ils sont plus nombreux et mieux armés. Le plus sage est de se retirer vers l'est. Dans ce monde sans pitié, il est de plus en plus difficile d'être néanderthalien.
Heureusement, la tribu n'est pas tout à fait abandonnée. La Déesse est là pour s'occuper d'elle. Il faut retourner au pays d'antan, devenu le pays des Autres, et demander Sa protection. Et Son amour.
Tous ces gens-là, comment vont-ils se débrouiller pour avoir un avenir?

Nous suivons deux histoires en parallèle, à deux époques différentes mais raprochées par l'existence de Visage du Feu Céleste - surnommé Timmie par ses ravisseurs d'un autre temps- qui relient les deux récits. Nous sommes dans un monde où les prouesses technologiques n'ont plus de limites, où l'éthique est oubliée au profit de...quoi? De l'enrichissement personnel, du défi technologique, de l'amour de la connaissance et du savoir...?
Hoskins et sa société ont inventé une sorte de machine à explorer le temps qui peut ramener des échantillons des époques très lointaines: des plantes, des roches, même un petit dinosaure... Le défi suprême: un homme. Ce sera un tout jeune enfant néanderthalien. La technologie ne permet pas à l'enfant de sortir de sa "Stase", sorte de bulle temporelle, espace clos et hermétique. Après tout, les savants vont l'étudier et le renvoyer ensuite vers son temps, tel est le Projet. Et entre-temps, il sera confié aux bons soins d'une infirmière-nourrice.
Au même moment, ou plutôt quarante mille ans en arrière, la tribu de Nuage d'Argent erre en quête d'un nouveau territoire, affolée par l'apparition soudaine et nombreuse des Autres, peuple étrange et si différent.
Ils s'en remettent à la Déesse-Mère, qui furieuse contre eux, leur a enlevé un enfant dans des conditions mystérieuses.
Il y a ici une réflexion sur ce qu'est l'humanité, à son commencement entre les deux races - les Néanderthal et les Homo Sapiens, et beaucoup plus tard - entre Timmie et cette société technologique qui fait de lui un vulgaire objet d'étude. Timmie apprend à parler, à lire mais déçoit les savants: il sait trop peu de choses sur son époque initiale. Le retour est donc sérieusement envisagé. Mais après trois ans au XXIè siècle, pourra-t-il de nouveau s'intégrer à son monde, retrouver sa tribu et vivre comme avant?
Seule Edith Fellowes, l'infirmière, comprend petit-à-petit la tournure que prennent les évènements. D'une vision très détachée et scientifique au début, elle va s'impliquer dans l'éducation de Timmie et va profondément s'attacher à lui. Arrivera-t-elle à le tirer hors de ce projet finalement très inhumain? On s'attache vraiment à Timmie et peu à peu à Melle Fellowes qui comprend le ridicule et l'innommable de sa mission... La fin reste ouverte à toute suggestion même si l'on sait que les Hommes de Néanderthal se sont éteints: le futur en aurait-il été changé?
Je trouve les histoires sur le temps fascinantes et celle-ci ne déroge pas à la règle. Reste à espérer que cela restera du domaine du fantastique vu les catastrophes qui en découlent souvent...

Les premières lignes:
   
La neige était arrivée pendant la nuit, saupoudrant le paysage, fine comme la brume, portée par le vent d'ouest. Elle avait dû venir de très loin. L'odeur de la mer y était encore présente et la chaleur du soleil matinal la faisait monter au-dessus de l'immense toundra triste.
    Nuage d'Argent avait vu la mer, longtemps avant, quand il était enfant et que le Peuple chassait encore sur les terres de l'ouest. La mer était immense, obscure, toujours en mouvement, capable de luire - comme un étrange feu liquide - quand le soleil tombait dessus sous un certain angle. S'y aventurer, c'était la mort; la contempler, c'était un enchantement. Il ne la reverrait plus, il le savait. Les Autres tenaient maintenant les terres côtières, et le Peuple reculait, se rapprochant chaque année un peu plus du lieu où naît le soleil.

Ma note: 8 / 10

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