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Blog à bouquins
13 avril 2008

Reine

21vpRu8qP3LMarie-Antoinette, Antonia Fraser

Tour à tour Reine de la mode, l'Autrichienne, Madame Déficit, Madame Veto, Icône martyre ou Messaline Royale, Marie-Antoinette est une des rares femmes de l'histoire de France à avoir cristallisé autant de passions haineuses, envieuses ou amoureuses.
Avec son objectivité et sa précision d'historienne, Antonia Fraser retrace le voyage initiatique de la reine: son enfance, son idylle avec le comte Axel de Fersen et, enfin, ses efforts héroïques pour sauver sa famille, et la monarchie, de la tempête...

Une biographie très intéressante, facile à lire. On sent vraiment l'empathie de l'auteur avec le personnage et le travail d'historienne. La dimension psychologique du personnage est bien prise en compte. Bien sûr, ce livre n'apporte rien de nouveau mais on ressent tout à fait le poids de la famille d'origine de la Reine, sans doute responsable de bien des malentendus et erreurs (l'impératrice Marie-Thérèse puis son fils Joseph II et le comte de Mercy-Argenteau, l'ambassadeur d'Autriche, faisant preuve d'une véritable ingérence aussi bien dans sa vie intime que dans sa vie publique et moins heureusement dans la vie politique française). On voit bien aussi le sort réservée aux jeunes princesses "nées pour obéir", gages d'alliances conclues entre les grandes puissances de l'époque. Emmenée à quatorze ans dans une cour qui lui est hostile (l'alliance avec l'Autriche est encore trop fraîche dans les esprits), non préparée à son future rang de Reine (étant la quinzième enfant de l'Impératrice, son éducation première laissait à désirer), un mariage désastreux à ses débuts, un entourage peu charitable et enclin à assouvir sa propre soif de pouvoir (le duc d'Orleans entre autres), autant de facteurs qui ne facilitèrent pas son intégration dans un pays qu'elle aimera pourtant, en tant que Reine, femme et mère de Roi. Tout ceci n'excuse pas non plus ses erreurs, mais cherche à nuancer un jugement souvent trop hâtif, car passionné, sur ce personnage devenu un des plus célèbres de l'histoire de France. C'est d'ailleurs toujours intéressant de voir le travail d'historien étranger sur notre histoire, car ils sont sans doute moins sensibilisés par les diverses traditions et écoles de pensées.
L'auteur nous fait comprendre que tout en étant un personnage de son temps, Marie-Antoinette a senti, de façon intuitive, les changements qui devaient avoir lieu dans cette monarchie d'Ancien Régime telle que l'avait léguée Louis XIV. Son style de vie à Trianon, véritable petite vie bourgeoise loin de la pesante étiquette, annonce celui futur des prochaines souveraines, cantonnées à une vie retirée des affaires politiques, ainsi que son rôle de mère qu'elle prenait très au sérieux, proche dans les derniers temps des préceptes de Rousseau, dans l'Emile.
Sacrifiée sur l'autel de la politique (pour sceller l'union des députés dans le sang, selon Hébert), sa fin fut tragique et reste un épisode honteux de la République, ainsi que le sort réservé à son fils Louis XVII et sa fille, Marie-Thérèse, future duchesse d'Angoulême. 

"Dieu, si nous avons commis des fautes, nous les avons bien expiées", Marie-Antoinette.

Les premières lignes:
 
Le 2 novembre 1755, la reine-impératrice, qui attendait son quinzième enfant, passa la journée dans les douleurs de l'accouchement. Comme ce n'était pas une expérience nouvelle pour Marie-Thérèse, qui portait par ailleurs une double couronne - celle de Hongrie par héritage et celle du Saint Empire romain germanique par mariage - et détestait perdre son temps, elle se consacra aussi à un autre genre de travail: l'examen de ses dossiers officiels. En effet, les responsabilités gouvernementales n'étaient pas pour elle choses à mettre facilement de côté: "Mes sujets sont mes premiers enfants", disait-elle. Enfin, vers huit heures et demie du soir, elle accoucha dans ses appartements du palais viennois de la Hofburg. Le nouveau-né était une fille. Selon le grand chambellan, le comte Khevenhüller, qui rendit compte de l'évènement dans son journal: "Sa Majesté est très heureusement accouchée d'une archiduchesse, petite mais enparfaite santé."

Ce livre a inspiré Sofia Coppola, pour son film Marie-Antoinette, avec Kirsten Dunst, sorti sur les écrans en 2006.

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Commentaires
F
Je n'ai pas lu le livre, mais j'ai beaucoup aimé le film !
P
j'ai vu le film et bien aimé
A
@romanza: moi aussi, j'aime le personnage et plus particulièrement le mystère autour de la mort de son fils (plus ou moins résolu d'ailleurs...)<br /> @praline: je lirai bien aussi celui-ci
P
C'est amusant, nous avons le même genre de lecture en ce moment :) Je viens de terminer les adieux à la reine et d'accompagner Marie Antoinette pendant trois jours !
R
Marie-Antoinette est un personnage qui me fascine ... A la fois admirée et détestée! Cette femme est un mystére. <br /> Je lis très bientôt la biographie de Zweig sur elle ...
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