La justice de l'inconscient, Frank Tallis En ce

La justice de l'inconscient, Frank Tallis

  En ce début de XXè siècle à Vienne, où l'on peut croiser Freud, Schoenberg, Klimt et bien d'autres encore, les cafés sont le lieu de débats fiévreux. C'est dans cette atmosphère d'effervescence artistique et scientifique que Max Liebermann, jeune psychiatre et pianiste à ses heures, mène ses enquêtes avec son ami Oskar Rheinhardt, inspecteur et ... chanteur lyrique amateur. Et ils vont avoir fort à faire avec le cas de cette jeune et jolie médium retrouvée morte chez elle dans une pièce fermée de l'intérieur. Une note griffonnée de ses mains laisse penser à un suicide. Pourtant, les indices déroutants s'accumulent: l'arme du crime, un pistolet, a disparu, et aucune trace de la balle n'est retrouvée durant l'autopsie ...
Serait-ce l'intervention d'un esprit maléfique ?

Finalement, cette collection "grands détectives" des éditions 10 /18 ne déçoit que rarement. A priori, la période et le lieu de l'intrigue ne m'enchantaient guère, mais ayant lu de bonnes critiques sur les enquêtes de Max Liebermann, je me suis lancée. Je ne regrette pas puisque les personnages sont très sympathiques.
Max Liebermann, jeune médecin adepte de la nouvelle science qu'on appelle psychologie, nous fait découvrir les balbutiements de cette discipline en s'en servant aussi bien pour aider son ami inspecteur que pour aider ses patients, allant à l'encontre de la médecine de son temps, tournée vers des méthodes un peu plus...radicales. Liebermann n'en est pas moins un homme qui doute, d'autant qu'il est à une période de sa vie où il doit s'engager.
Oskar Rheinhardt est un peu le docteur Watson de l'aventure, personnage un peu plus posé, père de famille et inspecteur accompli.
Leur enquête nous fait découvrir une galerie de personnages, passionnés de spiritisme ou d'autres doctrines moins avouables de ce temps: un magicien à la vie dissolue, un banquier amoureux, un serrurier passionné, une héritière, véritable diva égyptienne, un aspirant politicien...
Le suspens est présent tout le long du livre, on est plongé dans l'enquête principale ainsi que dans les aventures annexes qui nous font découvrir la vie quotidienne à Vienne, en ce début de siècle.
Je trouve beaucoup de points communs avec les séries d' Anne Perry - ma préférée restant celle avec William Monk et Hester Laterly - où elle décortique aussi avec application les rouages de la société de ce temps.

Les premières lignes:
   Derrière l'Opéra, une masse agitée de nuages noirs s'élevait vers le ciel, telles la fumée sulfureuse et les cendres d'une éruption volcanique. Son ampleur laissait présager une catastrophe imminente - un cataclysme épique à l'échelle de Pompéi. Dans cette étrange lumière ambrée, les bâtiments alentour avaient vité au jaunâtre. Perchées sur les toits, les sculptures - statues classiques et aigles triomphants - semblaient avoir été modelées dans du soufre. Un éclair en zigzag se déversa sur la montagne nuageuse, comme une rivière de fer en fusion. La terre trembla, l'air frémit, et pourtant il ne pleuvait toujours pas. L'orage paraissait se réserver, rassembler ses forces en vue d'un déluge apocalyptique.
  La cloche du tramway arracha Liebermann à sa rêverie et dispersa les voitures à cheval qui encombraient les rails.

Ma note: 8,5 / 10

Comments

[Aileean]

@Karine: n'hésite pas, cette série cmmence bien je trouve.
@Sybilline: Dommage pour les romans policiers, mais c'est vrai que si on s'écoutait, on aurait des listes et des listes à lire...;-)

[sybilline]

Heureusement que je n'aime pas les romans policiers, sinon, je ne saurais plus où donner de la tête! Déjà que mes LAL couvrent des pages et des pages, que serait-ce si j'y ajoutais les policiers tant recommandés!!

[Karine]

Je l'ai dans ma pile, celui-ci!!! Contente de lire un billet positif... je suis de plus en plus curieuse!