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Blog à bouquins
24 avril 2009

Des vents contraires, Olivier Adam "La nuit

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"La nuit nous protégeait et à ce moment précis, j'avoue avoir pensé que les choses allaient redevenir possibles. Ici, j'allais pouvoir recoller les morceaux et reprendre pied, nous arracher les enfants et moi à cette douleur poisseuse qui nous clouait au sol depuis des mois, à la fin de la maison, les traces et les souvenirs qu'elle gardait de nous quatre, c'était devenu invivable, je ne sortais presque plus et les enfants se fanaient sous mes yeux."
Depuis que sa femme a disparu sans plus jamais faire signe, Paul Anderen vit seul avec ses deux jeunes enfants. Mais une année s'est écoulée, une année où chaque jour était à réinventer, et Paul est épuisé. Il espère faire peau neuve par la grâce d'un retour aux sources et s'installe alors à Saint-Malo, la ville de son enfance.
Mais qui est donc Paul Anderen? Un père qui, pour sauver le monde aux yeux de ses enfants, doit lutter sans cesse avec sa propre inquiétude et contrer, avec une infinie tendresse, les menaces qui pèsent sur leur vie. Dans ce livre lumineux aux paysages balayés par les vents océaniques, Olivier Adam impose avec une évidence tranquille sa puissance romanesque et son sens de la fraternité.

C'est une histoire difficile où finalement, il ne se passe pas grand chose. La vie continue de couler malgré la disparition de la jeune femme, tant aimée de son mari et de ses enfants. Pourquoi la disparition? On n'en sait pas beaucoup plus au départ, quelques bribes viennent peu à peu s'ajouter les unes aux autres pour recoller le puzzle. L'histoire commence comme un nouveau départ, devenu nécessaire pour cette famille, comme un sursaut pour ne pas se noyer dans la détresse d'un quotidien où tout les ramène à celle dont on est sans nouvelle depuis plus d'un an.
Saint Malo et ses plages, ses tempêtes, la mer, tous ces paysages rendus magnifiques sous la plume de l'auteur, entretiennent toute l'atmosphère du livre.
Au gré de ses rencontres, Paul Anderen renoue peu à peu avec son passé, sa ville, son frère. Il cotoie toutes sortes de personnes qui réagissent différemment devant leur histoire et lui même réagit en premier lieu pour protéger au maximum ses enfants dont il observe, le coeur noué, les réactions devant cette nouvelle vie, toujours en équilibre entre l'attente, l'espoir et la résignation.
D'autres gens vivent aussi des drames, comme un écho et Anderen est là, malgré tout. Qu'importe ce qu'on en pense, il veut agir comme il le doit.
C'est un très beau livre, malgré la tristesse du sujet. Le style de l'auteur, des phrases souvent longues, sans ponctuation, n'est pas du tout rébarbatif. Au contraire, il fait qu'on se laisse porter par les évènements, comme une vague de l'océan qu'il décrit si bien et comme cette famille si soudée dans l'épreuve.

Les premières lignes:
 
Les enfants quittaient la classe un à un, abandonnaient leurs coloriages et se levaient de leurs chaises miniatures pour se précipiter dans les bras de leurs parents sous le regard bienveillant de l'institutrice, une fille timide et fluette à qui je n'avais rien eu à reprocher en presque trois mois. En guise d'adieu, Manon l'avait embrassé sur les lèvres et l'instit n'avait pas bronché, les yeux brillants elle nous avait souhaité bonen chance: aller vivre au bord de l'eau elle nous enviait. J'ai rejoint Manon dans le fond de la pièce, au beau milieu des étals de légumes en plastique elle serrait Hannah contre son coeur, elles s'accrochaient l'une à l'autre, inquiètes de se perdre. C'était une gamine pâlotte dont j'ignorais si elle était seulement douée de parole.

Ma note: 9 /10

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Commentaires
F
Trop triste, je passe...
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