Errance
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre: des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ?
Un roman fort, vraiment et incontestablement. C'est un vrai coup de coeur.
J'avais un peu peur du style assez spécial de l'auteur, mais ici, ça coule toute seul. La narration s'effectue par petits paragraphes, quelquefois des flash backs, mais l'effet est saisissant. L'évolution dramatique est inéluctable, on le sent, on le devine, mais on espère, comme ces deux naufragés, perdus dans l'immensité d'un monde blessé. On ne sait rien du cataclysme, rien de leur vie, mais le récit suffit. L'errance est leur seul futur possible, toujours bouger, toujours se cacher. Aller vers la mer est le but que l'homme a donné à l'enfant, pour pouvoir continuer. Le danger est partout, la confiance en l'humanité n'existe plus car l'humanité même a disparu. Ils ne sont que deux, malgré l'espoir d'en découvrir des "comme eux", des "gentils", comme dirait l'enfant.
L'enfant qu'il faut cacher aux hordes de cannibales et autres ersatz d'Homme qui rôde...
L'enfant qu'il faut mener loin, à l'abri.
L'enfant qui ressent tout ce que l'homme éprouve et qui sait, qui devine...
C'est un roman dur mais tellement réel. C'est ça qui est le plus difficile. Mais les émotions sont fortes et les images restent ancrées longtemps. Ce petit garçon et son père, sur le chemin...
Les premières lignes:
Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté. Les nuits obsures au-delà de l'obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d'avant. Comme l'assaut d'on ne sait quel glaucome froid assombrissant le monde sous sa taie. A chaque précieuse respiration sa main se soulevait et retombait doucement. Il repoussa la bâche en plastique et se souleva dans les vêtements et les couvertures empuantis et regarda vers l'est en quête d'une lumière mais il n'y en avait pas. Dans le rêve dont il venait de s'éveiller il errait dans une caverne où l'enfant le guidait par la main.
Ma note : 9,5 / 10