A moi pour toujours, Laura Kasischke "A moi

A moi pour toujours, Laura Kasischke

  "A moi pour toujours": tel est le billet anonyme que trouve Sherry Seymour dans son casier de professeur à l'université un jour de Saint-Valentin. Elle est d'abord flattée par ce message qui tombe à point nommé dans son existence un peu morne. Mais cet admirateur secret obsède Sherry. Une situation d'autant plus troublante qu'elle est alimentée par le double jeu de son mari. Sherry perd vite le contrôle de sa vie, dont l'équilibre n'était qu'apparent, et la tension monte jusqu'à l'irréparable...
Laura Kasischke peint avec talent une réalité américaine dans laquelle tout, y compris le désir, semble bien ordonnée.

Ce livre distille avec talent le venin du doute et le malaise va grandissant jusqu'à l'apothéose finale. Personne n'est épargné, la vie de Sherry vole en morceaux. Pourtant, elle avait tout d'une vie, d'une famille normale. Un boulot intéressant, un mari aimant et complice même après les années qui s'écoulent tranquillement, des amis attentionnés, un fils aimé. Mais un tout petit grain de sable vient enrayer la machine qui promettait de continuer sur ce mode. Car oui, tout aurait pu continuer ainsi, Sherry n'aurait vu qu'une seule face de sa vie, c'est ça qui est étrange, comme quoi un élément, si petit soit-il, peut déclencher tout autre chose et interrompre la quiétude de l'esprit de cette femme comme tout le monde. Ses pensées et ses doutes résonnent en nous, les questions sur la vie de famille, le couple, l'amitié, les souvenirs bref, on se reconnaît facilement.
L'auteur est évidemment très habile car on se demande tout le long du livre si Sherry est actrice de ce changement, si tout est parti d'elle, si c'est elle le déclencheur. On se demande si à trop se poser de questions, elle n'envenime pas la situation, après tout, on pourrait presque penser qu'elle est heureuse de mettre un peu de piquant dans sa vie. Mais elle est vite dépassée. La machine est lancée, elle perd le contrôle... Il y a comme une épée de Damoclès suspendue, on sent que la pression augmente cruellement. Et personne n'en sortira indemne...

Les premières lignes:
  En ouvrant la porte pour sortir ce matin, je découvris une écharpe de sang, gisant dans l'allée enneigée.
  Comme un mauvais présage, comme une menace, ou encore un sinistre souhait de Saint-Valentin - une marque de pneu, et la fourrure aplatie d'un petit lapin marron.
  La fleuriste avait dû l'écraser, en venant livrer les roses, déjà en retard à neuf heures du matin. En me tendant la longue boîte blanche sur le pas de la porte, elle n'a pas dit mot d'une créature quelconque qu'elle aurait pu tuer dans mon allée. Elle n'a peut-être rien remarqué.

Ma note: 8 / 10

Comments

[Stephie]

Je l'ai lu il y a quelques mois et je dois avouer m'être un peu ennuyée.