Camélia
L'élégance du hérisson, Muriel Barbery
"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
"Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai."
J'ai été très agréablement surprise par ce livre qui est un coup de coeur. J'étais assez circonspecte dès le 4è de couverture, je suis un peu fatiguée des enfants surdoués qui confient leurs regards plein d'intelligence et d'à propos sur le monde "inepte" des adultes. Mais je suis entrée dès les premières pages dans le sujet et je ne l'ai pas lâché jusqu'à la fin. Un vrai régal. Evidemment, certains côtés sont un peu faciles, mais bon, c'est un roman (la différence de classe, ici très marquée, peut-elle être réellement surmontée ?). Les réflexions sonnent toujours très justes, une petite pincée savoureuse de pensée asiatique enrobe le tout; les personnages sont bien sûr terriblement attachant et sans non plus démontrer à grands traits, on comprend que les deux personnages que sont Paloma et Renée se sont rencontrées dans un but précis, se sauver l'une et l'autre.
L'alternance des regards fait avancer l'intrigue avec une touche de suspense jusqu'au dénouement. Je ne m'attarderai pas sur la fin que j'ai trouvé décevante, finalement un peu facile et bâclée. Oui, un peu trop facile et c'est bien dommage.
Mais je garde une très bonne impression de ce petit livre que je recommande chaudement.
Les premières lignes:
- Marx change totalement ma vision du monde, m'a déclaré ce matin le petit Pallières qui ne m'adresse d'ordinaire jamais la parole.
Antoine Pallières, héritier prospère d'une vieille dynastie industrielle, est le fils d'un de mes huit employeurs. Dernière éructation de la grande bourgeoisie d'affaires - laquelle ne se reproduit que par hoquets propres et sans vices - , il rayonnait pourtant de sa découverte et me la narrait par réflexe, sans même songer que je puisse y entendre quelque chose.
Ma note : 9 / 10