Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blog à bouquins
11 avril 2010

Breton

511_Jmc8uKL__SL160_AA115_D'un autre monde, Claude Crozon

   1914. Appelés sous les drapeaux, les hommes de la famille Kergalin sont arrachés à leur Bretagne natale. Ils reviendront blessés ou traumatisés. Désormais, pour eux comme pour les femmes, qui ont dû s'organiser en leur absence : "Rien ne sera plus comme avant..."
   Vaste fresque éclairant notre temps, D'un autre monde raconte l'épopée d'une famille dans le siècle. Emportés par le grondement de l'Histoire. Les Kergalin trouveront un point d'ancrage dans leur grande maison.
   Affrontant le fracas des guerre et les assauts de la modernité, héros ou lâches, tour à tour jouets et maîtres de leur destin, ces hommes et ces femmes nous touchent comme s'ils étaient les membres de notre propre famille.
   En romancière de talent, Claude Crozon atteint l'intimité la plus secrète de ses personnages. Elle nous fait partager leurs espoirs, leurs ambitions, leurs conflits, leurs passions, et nous plonge au coeur des liens qui permettent aux génération de sans cesse se réinventer.

C'est un bouquin comme je les aime, une grande fresque historique sur plusieurs générations. On voit les enfants devenir grands, faire des choix, des erreurs, devenir adultes et ressembler ou non aux parents, à ce que l'on attendait d'eux. Chaque personnage prend sa place petit à petit. De plus, nous avons toujours pleinement la vision de chaque situation car nous la vivons par l'intermédiaire des écrits, forcément subjectifs, de chaque personnage.
Pauline, celle qui soulève le voile et grâce à qui nous découvrons tout ceci, est une des héritières de François Kergalin, paysan breton, qui a souhaité élever ses quatre enfants dans le siècle, avec leur temps. Mais les guerres - la première et la deuxième guerre mondiale -, en plus de faire leurs ravages, vont bouleverser durablement la famille. Déchirements, trahison, amour et adultère, passion, loyauté... tout y est. C'est un raccourci bien sûr, mais c'est tout ceci qui en fait une famille si réelle et si attachante.
Ces Kergalin collent au siècle, ils participent à tous les évènements avec plus ou moins de bonheur (les guerres, les révoltes, les prises de positions). J'ai d'ailleurs trouvé la dernière partie un peu moins bonne car trop collée aux actualités, ça faisait un peu trop "enfants du siècle". Mais ça n'enlève rien car tout se tient d'un bout à l'autre.
J'ai trouvé le style original, dans le sens où on a l'impression de dérouler un album photo et d'entendre les anecdotes sur chaque personnage familial. C'est d'ailleurs quelque fois un peu surprenant car l'histoire se dévéloppe comme si l'on en connaissait déjà la fin, avec des rappels qui pour nous, n'en sont pas, mais cela ne gêne pas le bon déroulement de l'histoire, on est très vite pris dans ce jeu de souvenirs à rebours et l'on s'attache aussitôt à tous ces gens. On fait partie de la famille. D'ailleurs, un rappel sous forme d'arbre généalogique n'aurait pas été de trop car lorsque les enfants ont des enfants qui ont eux-mêmes des enfants, on commence à s'y perdre, comme dans toute famille nombreuse, mais il est vrai que ça enlèverait la surprise de certains rebondissements inattendus...
J'ai donc passé un très bon moment breton avec les Kergalin et je recommande leur histoire à tout passionné du genre.

Je remercie les éditions Robert Laffont et Blog-o-Book de m'avoir fait découvrir ce premier roman de l'auteur.

Les premières lignes:
   "Personne n'aurait imaginé ! Personne !"
   Grandes ouvertes sur le frémissement du feuillage des lilas, les fenêtres de la bibliothèque détourent le paysage, familier au point d'en paraître immuable. Au loin, un moteur s'obstine. Il pleut, une de ces pluies allègres de printemps dont la lectrice, penchée sur ses archives, ne perçoit rien : ce qu'elle a sous les yeux a effacé les lilas, le moteur, la pluie et jusqu'à la bibliothèque. Elle-même n'est plus qu'un regard médusé : "Personne n'aurait imaginé ! Personne !"
   Quelques pages plus loin : "Alors nous étions heureux. Et nous ne le savions pas !". Collée en regard de sa rageuse légende, une photo : sur le carton sépia, les plis généreux du linge drapent les genoux des convives et des bouquets de pivoines, dispersés le long du chemin de table, jettent leurs pétales charnus vers une attente puissante comme le désir.

Ma note: 9,5 / 10

Publicité
Commentaires
Publicité