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Blog à bouquins
2 mai 2010

La vie en sourdine, David Lodge Desmond a des

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   Desmond a des problèmes d'ouïe. Et d'ennui. Professeur de linguistique fraîchement retraité, il consacre son ordinaire à la lecture du Guardian, aux activités culturo-mondaines de son épouse, dont la boutique de décoration est devenue la coqueluche de la ville, et à son père de plus en plus isolé, là-bas, dans son petit pavillon londonien.
   Lors d'un vernissage, alors que Desmond ne comprend pas un traître mot de ce qu'on lui dit et répond au petit bonheur la chance, une étudiante venue d'outre-Atlantique lance sur lui ce qui ressemble très vite à une OPA. Pourquoi Desmond ne l'aiderait-il pas à rédiger sa thèse ? Le professeur hésite. Pendant ce temps, son père, martial, continue à vouloir vivre à sa guise, et son épouse à programmer d'étonnants loisirs...
   Comique, tragique, merveilleusement autobiographique, le nouveau roman de David Lodge s'inscrit dans le droit fil de Thérapie.

Ce roman est certes à comparer avec Thérapie, du même auteur, notamment pour la forme: un journal introspectif. Mais ça s'arrête là. Il y a comme une chape de tristesse, une chape d'ennui qui entoure le héros et l'atmosphère est donc plus lourde. Desmond, le héros n'arrive pas à se dire qu'il s'ennuie finalement, son activité lui manque, sa surdité finit par le handicaper dans toutes ses relations (relations sociales, professionnelles et familiales). La rencontre de la jeune américaine met un peu de piquant, mais rien de bien méchant. Les passages avec son père ne sont pas toujours gais, la vieillesse jouant son rôle.
Malgré tout, cela reste du David Lodge, un ton très anglais, beaucoup d'auto-dérision, de belles pages de culture (la linguistique par exemple) et une forme originale alternant la première personne et la troisième (une idée de Desmond, pour prendre du recul face aux évènements).
Bref, je suis sortie de cette lecture avec un avis mitigé. On en vient bizarrement à confondre l'auteur et le héros puisque ce roman est dit autobiographique et on se dit que l'auteur a peut-être perdu toute cette verve qu'il a su nous montrer jusqu'à présent. Peut-être est-ce un roman de transition, après tout, la mise à la retraite, la fin de vie d'un père et la venue de la vieillesse par un handicap tel que la surdité sont des caps difficiles à passer et qui pourraient ébranler plus d'un. Mais je pensais que David Lodge aurait pu traiter ces sujets avec plus d'humour, plus de situations comiques. C'est en cela que le livre m'a un peu déçue.

Les premières lignes:
   Le grand monsieur grisonnant à lunettes, qui se tient en lisière de la foule dans la salle principale de la galerie, et qui se penche tout contre la jeune femme au corsage en soie rouge, baissant la tête et la détournant de son interlocutrice, opinant du chef sagement et émettant un murmure phatique par moments, n'est pas contrairement à ce que vous pouvez penser, un prêtre hors-service qu'elle aurait convaincu d'entendre sa confession au beau milieu de cette assemblée, ni un psychiatre à qui elle aurait extorqué une consultation gratuite ; et lui, il n'a pas adopté cette posture pour mieux regarder dans le décolleté de la jeune femme, bien que ce soit un bonus accidentel qu'il tire de la situation, le seul en fait.

Ma note: 7 / 10

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Commentaires
M
Je n'ai jamais lu de David Lodge mais ce titre me tentait beaucoup. J'en ai beaucoup beaucoup de bonnes critiques :)
S
C'est avec ce titre que j'ai découvert l'auteur. J'ai aimé mais ce n'est pas un coup de coeur.
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