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Blog à bouquins
11 juin 2010

Là-haut vers le nord, Joseph Boyden Là-haut, vers

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   Là-haut, vers le Nord de l'Ontario, vivent des femmes et des hommes, indiens pour la plupart. Joseph Boyden évoque avec sensibilité leurs histoires singulières au parfum de légende : une jeune fille tombe amoureuse d'un loup ; un jeune homme prétend envers et contre tout être un ours...
  Ces nouvelles étonnantes de l'auteur du Chemin des âmes, mélange fascinant d'émotion, de violence et de poésie, dessinent les pleins et les déliés d'une communauté humaine.

J'ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles en quatre parties, comme les quatre points cardinaux. Un endroit différent mais à chaque fois, une même problématique : comment être Indien dans l'Amérique d'aujourd''hui ? J'avais aussi vraiment aimé le très beau "Chemin des âmes", du même auteur.
Le traumatisme de la colonisation n'est pas si loin puisque vivent encore les jeunes d'antan, arrachés à leur famille pour être éduqué à l'américaine dans des pensionnats douteux où le clergé s'en est apparemment donné à coeur joie, dans le plus mauvais sens du terme. C'est ce qui me laisse songeur, cette volonté de briser un peuple sans tenir compte à aucun moment de leur culture et ce, par un autre peuple, symbole d'une modernité et d'une certaine liberté... Et ça s'est passé au début du XXè siècle !!!
Mais l'auteur ne fait qu'évoquer cette partie sombre de l'histoire, il nous plonge plutôt dans la vie des réserves indiennes (rien que le terme, d'ailleurs...), tantot avec beaucoup de réalisme, tantôt avec plus de place à l'imaginaire, la rêverie. Tous ses héros y vivent avec plus ou moins de bonheur, mais toujours dans une sorte d'auto-dérision et de fatalisme rieur. C'est vraiment d'ailleurs ce qui ressort de ces nouvelles, l'Indien moderne pourrait être celui qui est lucide sur l'humanité et qui préfère en rire - jaune ou franchement.
De la poésie, de la tendresse, de l'ironie, quelque fois de la pitié, chaque personnage en apporte son lot, mais ils sont bien vivants, réels. Les légendes sont loins.

Les premières lignes:
   Mon loup a pendu deux semaines à un mur du magasin ; et c'est le nouveau professeur, un type de Toronto, qui a fini par l'acheter. Mon loup gris avec ses longues pattes, son oreille gauche en lambeaux. Un trappeur l'a pris au piège, mon loup ; le trappeur l'a vendu à Charlie du trading-post ; et Charlie l'a écorché avant de clouer la peau au mur, près de la vieille enseigne MasterCard. Il valait plus de 250 dollars.
   Le professeur, il est là depuis un petit mois. Envoyé à Noël par le ministère, pour apprendre le bon anglais de la Reine aux mômes de la réserve. En échange, on lui a filé une petite maison et une parka.

Ma note : 8,5 / 10

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Commentaires
F
Je ne suis pas trop nouvelles, mais le sujet est intéressant. Noté !
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