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Blog à bouquins
5 août 2010

Seuls

51lZiuMXuUL__SL160_AA115_Le jardin de ciment, Ian McEwan

   "Je n'ai pas tué mon père, mais parfois j'ai l'impression de l'avoir un peu poussé dans la tombe": ainsi parle Jack, quatorze ans, témoin et acteur d'une aventure peu commune...
   Ils sont quatre orphelins - deux frères, deux soeurs - livrés à eux-mêmes dans une maison isolée. Affranchis de l'autorité des adultes, à la fois ravis et apeurés, ils n'ont qu'un désir : se débrouiller seuls, et garder secrète aussi longtemps que possible la disparition de leurs parents. Ivre de liberté, liés par le poids d'un silence trop grand pour eux, ils se regardent partir lentement à la dérive... Un roman profondément troublant, original et parfaitement maîtrisé, par l'un des "enfants terribles" de la littérature anglaise.

C'est par Jack que nous allons vivre cette histoire. Après la mort de leur père, les enfants s'organisent pour gérer la maison car bientôt, leur mère tombe gravement malade.
C'est déjà un bouleversement qui arrive à une période leur vie où ils peuvent certes avoir des responsabilités (à part le petit frère Tom qui a environ 8 ans) mais c'est un âge malgré tout difficile. Et Jack est en plein dedans. Il se regarde vivre, s'interroge sur ses réactions, réfléchit mais reste essentiellement centré sur lui-même.
C'est un livre effectivement troublant, mais l'auteur a toujours le don d'appuyer là où ça fait mal, mais toujours avec talent, sans s'appesantir. On est plongé dans une atmosphère étouffante, lourde qui paralyse les choses, comme dans l'attente d'un dénouement (le secret dévoilé), comme si c'était une parenthèse où ces enfants sont laissés à eux-mêmes pour tester leurs limites. Mais la liberté n'est pas chose facile, et Jack sombre dans une torpeur attentiste, entrecoupé de masturbation frénétique, de fantasme incestueux, de cauchemars et remords...
La cellule familiale, fraternelle, se referme sur elle-même, autour de cette maison, de la cave et de son secret. On pourrait presque croire que les enfants ne ressentent rien du drame - le petit Tom, vu son jeune âge, paraît être le seul à "dérailler" -, ils vivent au jour le jour.
J'attendais autre chose de ce livre mais il m'a tout de même plu. Je l'ai trouvé fort, d'une réalité troublante, sans fards.

Les premières lignes:
   Je n'ai pas tué mon père, mais parfois j'avais l'impression de l'avoir un peu poussé vers la tombe. D'ailleurs, n'était qu'elle coïncida avec un moment déterminant de ma propre croissance, sa mort sembla insignifiante en regard de ce qui advint ensuite. Mes soeurs et moi, nous parlâmes de lui pendant la semaine qui suivit sa disparition, et Sue pleura, c'est certain, lorsque les infirmiers l'emportèrent, enveloppé dans une couverture rouge vif. C'était un homme frêle, irascible, maniaque, avec des mains et un teint un peu jaune.

Ma note : 8 / 10

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Commentaires
L
Bonjour,<br /> <br /> Je travaille aux éditions Points et suis responsable éditoriale du nouveau site Internet Le Cercle Points.<br /> <br /> Je suis heureuse de vous annoncer que votre chronique sur Le Jardin du ciment a été sélectionnée pour être mise à l'honneur sur notre site et dans notre rubrique La Toile en parle. Vous la retrouverez sur sa page dédiée: http://www.lecerclepoints.com/critique-37.htm<br /> <br /> A très bientôt sur la toile,<br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> Lauriane Renquet
K
Il me fait peur, ce livre... mais je me doute bien que je finirai par le lire un jour, ne serait-ce que par curiosité...
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