Les chemins de Damas, Pierre Bordage Après la

Les chemins de Damas, Pierre Bordage

   Après la grande guerre contre les nations musulmanes, l'Europe est dominée par les mouvements évangéliques venus des Etats-Unis. Délocalisations, proliférations des milices et des bandes, misère et corruption généralisées : le vieux continent s'enfonce dans la crise. Divorcée, Jemma vit dans une résidence protégée au coeur de Paris. Un jour, sa fille disparaît, comme des milliers d'autres enfants avant elle. Désemparée, la jeune femme part à sa recherche aux côtés de l'énigmatique Luc, vers ce Moyen-Orient diabolisé, impénétrable...

Une plongée dans l'enfer d'un monde proche, si proche... J'ai eu des frissons en lisant, juste à m'imaginer que notre monde actuel pouvait peut-être basculer si facilement dans le chaos de Pierre Bordage...
J'ai eu un peu de mal au début, car c'est noir, moche car sans concession. Mais la construction du livre m'a finalement attirée et je sais que Bordage garde toujours une petite lueur de bonté pour ses personnages... mon espoir ne fut pas déçu.
L'histoire centrale, c'est Jemma et Luc qui vont traverser l'Europe décomposée afin de rejoindre Damas. La Syrie, où les recherches effrénées de Luc lui ont permis de trouver la piste ténue d'une "armée des enfants"... Est-ce un mythe ?
Mais l'évocation même de cette armée fait peur... En tout cas, les enfants disparaissent, toujours. Aucune effraction, comme s'il étaient partis de leur plein gré...
Le périple des deux héros est entrecoupé de courts récits qui nous racontent la vie d'un personnage secondaire. Mais tous ces récits sont liés entre eux, car chacun des personnages a connu de près ou de loin le personnage précédent. J'ai trouvé ça original et maintenant une continuité, même si ça peut paraître difficile à lire. D'ailleurs, au début, ces personnages ont une vie courte qui souvent s'achève de manière...sanglante... Mais au fur et à mesure des récits, on sent que quelque chose se dessine, une résistance à ce monde trop noir, comme si au même moment, ces petites gens avaient enfin le courage de dire non.
Après un début difficile, j'ai vraiment accroché à cette lecture. Bordage règle ses comptes avec les extrêmismes de tous poils, les politiques corrompus et les manipulations, et malgré tous les adversaires forcenés, l'espoir demeure, pour Jemma et tous ces enfants. Pour le monde, finalement...

Les premières lignes:
   Jemma avait toujours cru que ce genre de désastre n'arrivait qu'aux autres, une attitude stupide dans une Europe où les disparitions d'enfants touchaient, selon les dernières statistiques, une famille sur cinq.
   Assise sur le petit lit de la chambre aux couleurs pastel, elle serrait à s'en tétaniser les bras l'ours en peluche qui avait partagé pendant neuf ans les nuits et les chagrins de sa fille. Ou plongeait le nez dans l'un des vêtements portés par Manon. De la chair de sa chair ne subsistaient que de vagues senteurs de cannelle et de miel, peu à peu absorbées par le désespoir et les ténèbres.

Ma note :8 / 10

Comments

[vhs]

oula la sans moi celui là.... mais décidément tu passes toujours par des chemins!