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Blog à bouquins
11 février 2011

Des femmes

41q_ByA08dL__SL160_AA160_Mille et un litres de thé, Enquête auprès des businesswoman de Mauritanie, Céline Lesourd

   En Mauritanie, un groupe de femmes d'affaires a emergé dans la seconde moitié du XXè siècle, des businesswomen qui font du commerce à l'international. D'origines sociales diverses, elles ont toutes su s'imposer dans cet univers essentiellement balisé par les hommes. Céline Lesourd retrace ici les parcours ascensionnels de ces grandes dames et révèle le cheminement de sa recherche au coeur de la jet-set mauritanienne. Entretiens, éléments d'analyse et souveirs cocasses s'entremêlent pour reconstituer sans fard la réalité de ce que les anthropologues ppellent mystérieusement le "terrain".

MASSECRITIQUE

Je n'ai jamais vraiment lu d'études de ce genre auparavant, mais le titre et la condition féminine, a fortiori dans un pays où elle peut encore s'affirmer, m'intéressait.
J'ai été assez surprise par la forme de l'étude, qui finalement, après lecture, me paraît presque un récit très subjectif de l'auteur qui s'immisce dans le monde de ces femmes commerçantes. Les personnes interrogées se livrent avec plus ou moins de bonheur - dans un récit biographique soit linéaire, soit entrecoupé de dialogues avec l'auteur - et dans la marge, en italique, Céline Lesourd nous livre quelques précisions sur les circonstances de la rencontre, sur ce qu'une phrase veut réellement dire, sur le caractère de l'héroïne, ou bien sur l'histoire de la famille, etc... Je me suis sentie un peu perdue au début du livre, mais finalement, j'ai trouvé ce procédé vivant et "interactif". Un système de note en marge est plus facile à lire qu'en bas de page. D'ailleurs, la couverture du livre et la forme sont vraiment un atout je trouve, pour cette petite collection sympathique.
Concernant le fond, j'ai découvert la Mauritanie à travers ces femmes commerçantes, dont quelques unes ont obtenu un statut très respectable et envié, alors qu'elles n'étaient parti de rien. Certaines ont bénéficié d'appuis par mariage, relations ou famille, mais en général, elles n'abordent pas facilement ce sujet et tiennent à marquer leur indépendance et leur volonté d 'en sortir. C'est un point commun de chaque parcours. Le commerce étant une sorte de tremplin social pour certaines femmes au faible niveau de scolarisation. On a presque l'impression à les entendre qu'être une femme dans le commerce a quelques avantages non négligeables (les hommes seraient plus enclins à leur faire confiance...?).
Avec l'essor économique et la mondialisation, le gouvernement mauritanien paraît même donner un coup de pouce à ces femmes énergiques, notamment en les aidant financièrement pour la création du premier grand centre commercial  à Chinguetti. Les femmes seront sans doute amenées à jouer un rôle de plus en plus important, le gouvernement l'a bien compris.
J'ai bien aimé cette étude qui, loin d'être érudite, nous amène au coeur d'une recherche sociologique, grâce aux dialogues et aux impressions et interprétations de l'auteur. C'est facile à lire et ça donne un aperçu sur une facette méconnue de l'Afrique sur des femmes là où on ne les attend pas forcément. Un parallèle avec la situation des femmes commerçantes en France aurait pu être intéressant, peut-être dans un autre chapitre...

Les premières lignes:
   Femmes d'un Islam vécu sans dogmatisme, femmes de tradition berbère à la tête des campements pendant l'absence des hommes, les femmes maures réussissent à s'affirmer, à faire preuve d'initiative, à investir les domaines tant privés que publics. Maillons indispensables des stratégies d'alliances, garantes des généalogies, les baydhâniyyat d'un certain statut portent l'honneur du groupe et représentent la clé des stratégies statutaires. A cet effet, elles doivent être belles, sages et cultivées.

Je remercie BABELIO et les éditions GINGKO - collection de près/de loin

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