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Blog à bouquins
2 avril 2011

Le Talon de fer, Jack London Tout à la fois

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   Tout à la fois histoire d'amour, récit d'aventures apocalyptiques et roman d'anticipation politique, salué par Trotski, apprécié de Lénine et célébré par Anatole France, le Talon de Fer annonçait dès 1908 une dictature d'un genre nouveau. La narratrice en fuite, fille de bonne famille que rien ne prédisposait à la colère, raconte sa rencontre avec l'homme qui devait devenir son mari, sa disparition, et ce qu'il advint dans un monde "civilisé" de leurs formidables rêves à vouloir changer l'ordre des choses...

Jack London est un des mes auteurs favoris et lorsque j'entre dans un de ses romans, je reconnais tout de suite son style. Il y a un toujours quelque chose d'épique, un souffle puissant qui nous emporte alors que son style est très réaliste. Je suis de parti pris, mais l'écriture de London est une force, elle déborde de vitalité.
Ce roman nous montre que l'auteur est capable d'adpater son talent à tous les styles de roman car ici nous avons un roman d'anticipation, une sorte d'uchronie sur thème de lutte des classes. Le plus bizarre, c'est que nous le lisons, nous, avec nos connaissances actuelles et les similitudes abondent avec notre XXè siècle, alors que lui l'a écrit et publié en 1908 ! Quel talent prophétique ou imagination politique lui a soufflé ce roman qui nous fait frissonner tellement ce qu'il raconte est proche, réel et terrible... Sous couvert d'exagération du système, d'hyperboles il nous montre jusqu'où la lutte des classe peut aller, entre une oligarchie financière aidée d'une armée de mercenaires ainsi que de l'aristocratie ouvrière, contre les prolétaires et le peuple d'en bas, les pauvres asservis... Mais tout ceci a des relents de vérité : London, un visionnaire...
De plus, la forme du roman est tout aussi originale puisqu'il nous est présenté sous la forme du journal d' Avis Cunningham, qui va seconder son célèbre mari Ernest Everhard dans la lutte contre l'oligarchie. La première partie est consacrée à l'explication des doctrines marxistes qui précédent de façon visionnaire le communisme du XXè siècle (London l'a écrit en 1908 ! !!). Ensuite, nous découvrons la partie romanesque mais terrible des combats et de la lutte à mort entre les classes. L'amour qu'Avis porte à son mari s'épanouit dans ce combat de chaque instant. 
Ce journal a donc été retrouvé plusieurs siècles plus tard, ce qui nous permet de voir grâce aux notes de l'éditeur - écrites par London comme partie intégrante du roman - que la situation a véritablement changé au profit des héros, mais à quel prix ? Nous lisons le journal d'Avis comme un document contemporain des faits avec l'oeil d'un lecteur d'aujourd'hui, au XXIè siècle mais aussi comme un lecteur de son futur à elle. C'est un véritable jeu où l'on découvre trois mondes en parallèle.
Bref, j'ai vraiment apprécié cette lecture qui m'a fait découvrir une autre facette de Jack London, toujours aussi talentueux. Jamais ennuyeux, didactique même, une intrigue et un suspense bien menés, un vrai roman d'aventure politique...

Les premières lignes:
   La brise d'été agite les séquoias, et les rides de la Wild Water clapotent en cadence sur ses pierres moussues. Des papillons dansent au soleil, et de toutes parts frémit le bourdonnement berceur des abeilles. Seule au sein d'une paix si profonde, je suis assise, pensive et inquiète. L'excès même de cette sérénité me trouble et la rend irréelle. Le vaste monde est calme, mais du calme qui précède les orages. J'écoute et guette de tous mes sens le moindre indice du cataclysme imminent. Pourvu qu'il ne soit pas prématuré ! Oh ! Pourvu qu'il n'éclate pas trop tôt !

Ma note : 9 / 10

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