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Blog à bouquins
8 avril 2011

Jacquets

51QMQ4QT8NL__AA115_Passants de Compostelle, Jean-Claude Bourlès

   Cent vingt pélerins furent recensés en 1982 à Compostelle mais en 1999, dernière année sainte compostellane du millénaire, ils furent plus de cent cinquante mille. Qu'est-ce qui, aujourd'hui, peut bien pousser un individu à marcher jour après jour et dans des conditions parfois difficiles vers le lieu présumé de l'inhumation de l'apôtre Jacques le Majeur ?
   Cette question, Jean-Claude Bourlès se la pose depuis des années qu'il sillonne les mille six cents kilomètres d'un chemin prenant sa source au Puy-en-Velay. Après Retours à Conques et Le Grand Chemin de Compostelle, il interroge surtout les autres, les pélerins mais aussi des témoins privilégiés : agriculteurs, commerçants et tous ceux, laïcs et religieux, qui voient se succéder les "passants de Compostelle" et parfois les accueillent dans les gîtes, auberges ou refuges jalonnant leur itinéraire.

J'ai apprécié cette lecture, calme et tranquille, au gré des interrogations de l'auteur sur son propre chemin de Compostelle. Il profite d'un autre périple, accompagnée de sa femme, pour interroger les "passants de Compostelle" qu'il laisse parler de leur expérience, souvent riche et presque mystique. Qu'est-ce qui pousse donc tous ces pélerins ou marcheurs à se lancer sur le chemin ? Pourquoi Saint-Jacques de Compostelle attire-t-il autant de gens, si différents dans leurs motivations mais si proches lorsqu'ils arrivent enfin à Santiago ? Comment penser que de simple marcheur, on devient souvent pélerin ? Quelle est donc cette magie de Compostelle ?
On est bien en peine de répondre puisque chaque expérience est tout à fait personnelle, et résonne en chacun de façon unique. Le chemin est comme une parenthèse, un défi, un retour sur soi où l'on peut se redécouvrir, au rythme tranquille et scandé des pas sur la route.
Partir est un vrai défi, laisser toute une vie derrière soi, comme de simples oripeaux pour trouver un sens, lever les doutes et vivre - quelquefois douloureusement le quotidien des marcheurs - au plus proche de ses besoins essentiels : manger, marcher, dormir, réfléchir. Une expérience presque religieuse où l'on rencontre moins Dieu que soi-même pour certains, mais assez forte pour marquer durablement une vie. C'est un appel, quelque chose de mystérieux qui est à l'oeuvre. Au point que beaucoup repartent à nouveau sur le chemin.

Les premières lignes: 
 25 juillet 1997. Marc et Marie ont dû quitter Burgos tôt ce matin. Un peu moins de deux cents kilomètres les séparent de Leon, qu'ils atteindront dans une semaine ; plus de cinq cents de Compostelle, où ils arriveront aux alentours du 15 août.
  Journée capitale, commencée entre chien et loup, au cours de laquelle se renouent dans la rude réalité de l'été castillan les fils du périple interrompu l'année précédente. Devant eux la Meseta, terre et soleil, villages, Tardajos, Hornillos del Camino, Hontanas, où la prudence voudrait qu'ils logent, même si, plus loin, Castrojeriz leur semble plus tentant. Une première étape de quarante kilomètres serait redoutable pour la suite.

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