Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blog à bouquins
18 mai 2011

Disgrâce, J.M. Coetzee Agé de 52 ans et deux fois

41C6R9YRPXL__AA115_Disgrâce, J.M. Coetzee

   Agé de 52 ans et deux fois divorcé, David Lurie enseigne la poésie romantique et la communication à l'université du Cap. Encore jeune de corps et de coeur, ce Don Juan du campus se laisse aller à un dernier élan de désir, d'amour peut-être. Mais la petite étudiante se moque bien de Wordsworth et de Byron et l'aventure tourne mal. Convaincu de harcèlement sexuel, David Lurie démissionne.
   Réfugié auprès de sa fille Lucy, dans une ferme isolée, il tente de retrouver un sens au seul lien qui compte encore à ses yeux. Mais les temps ont changé. La fracture sociale est arrivée jusqu'au coeur de ce pays et la violence n'épargne pas les campagnes. L'idylle pastorale tourne au cauchemar.
   Aussi sombre que magnifique, l'élégie cynique de J. M. Coetzee jette une lumière glacée et crépusculaire sur la nation arc-en-ciel et consigne l'avènement d'un nouvel âge de fer.

Je ne pensais pas apprécier autant ce livre. J'avais surtout peur du sérieux et de la solennité qui pourrait s'en dégager. Après tout, Coetzee a été prix nobel de littérature en 2003...
Finalement, j'ai laissé tous mes préjugés pour tomber sous le charme de ce pauvre David Lurie, anti-héros, à qui il n'arrive que des misères. J'ai tout de suite fait le parallèle avec David Lodge, le style et le ton m'ont aussitôt fait faire le rapprochement. Peut-être aussi parce que David Lurie est un professeur d'université, le héros par excellence de Lodge. Mais Coetzee n'y a pas mis autant d'humour. C'est plutôt un tableau teinté d'ironie amère, voire de cynisme. Lurie perd toutes ses certitudes, sur l'amour, sur la micro-société qu'est l'université, sur sa famille - il a du mal à comprendre sa propre fille alors qu'il l'aime de tout son coeur, sur la vie à la campagne, sur les animaux - son engagement au refuge pour animaux n'en finit pas de l'étonner. C'est toute sa vie qui est remise en question, d'autant plus après le drame qui a lieu à la ferme.
Bon, ensuite, je n'ai pas la prétention de juger un livre couronné par plusieurs prix prestigieux (Commmonwealth Prize, National Book Critics Circle Award aux Etats-Unis) mais j'ai pu découvrir un auteur que je n'aurais peut-être pas osé lire et j'en suis très contente. Coetzee m'a fait découvrir un peu de son pays, l'Afrique du Sud, "nation arc-en-ciel" où la cohabitation semble encore incertaine.

Les premières lignes:
   Pour un homme de son âge, cinquante-deux ans, divorcé, il a, lui semble-t-il, résolu la question de sa vie sexuelle de façon plutôt satisfaisante. Le jeudi après-midi il prend sa voiture pour se rendre à Green Point. A deux heures pile il appuie sur le bouton de la porte d'entrée de Windsor Mansions, il donne son nom et il entre. Il trouve Soraya qui l'attend sur le pas de la porte de l'appartement n° 113. Il va tout droit jusqu'à la chambre, plongée dans une lumière douce où flotte une odeur agréable, et il se déshabille. Soraya sort de la salle de bains, laisse tomber son peignoir et se glisse contre lui sous les draps.

Ma note: 8,5 / 10

Publicité
Commentaires
J
C'est un excellent livre qui fait réfléchir sur la condition de la femme et des Hommes en général dans ce pays tiraillé...
Publicité