Les Piliers de la Terre, Ken Follett Dans

Les Piliers de la Terre, Ken Follett

   Dans l'Angleterre du XIIè siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracle... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
   Abandonnant le monde de l'espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec les Piliers de la Terre une oeuvre monumentale dont l'intrigue, aux rebonds incessants, s'appuie sur un extraordinaire travail d'historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au coeur de l'Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d'une superbe épopée romanesque dont il aimerait qu'elle n'ait pas de fin.

C'est un lourd pavé de plus de mille pages mais quelle plaisir de lecture !!!! Une épopée de toute beauté ou tous les ingrédients sont presents en nombre et distillés avec talent : l'amour, la passion, la haine, la soif de pouvoir et tout ceci avec pour cadre la période troublée de la succesion d'Henry Ier Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant qui succèda à son frère Guillaume le Roux. Sans héritier direct, le pays est déchiré entre le roi Stephen (Etienne) et la reine Maud. Et au milieu, l'Eglise sent qu'elle a un rôle a tenir : de simple arbitre, elle peut vite devenir un partenaire essentiel.
Nous suivons pour le moment le destin d'un prieuré, celui de Kingsbridge qui va cristalliser celui de tous les personnages. Philip, un moine intègre en est devenu le prieur et il va croiser sur son chemin Tom et sa famille. Ce dernier, maître-bâtisseur, n'a qu'une ambition, construire une cathédrale. Cette ambition va se conjuguer avec les aspirations de Philip malgré la haine du comte voisin et de l'évêque qui vont tout faire pour anéantir ce projet. Mais on sent déjà qu'un lourd mystère plane autour de tout ce petit monde...
Tous les coups sont permis, il y a des rebondissements et des surprises à chaque page, les personnages sympathiques ne sont vraiment pas épargnés, c'en est même presque trop par moment, mais on est tellement pris dans l'intrigue qu'on oublie toute réticence. L'époque est brillament décrite, la vie dans un monastère, la construction des premières cathédrales gothiques directement inspirée par celle de Saint-Denis en France et remplaçant les lourdes églises sombres et massives, les querelles de pouvoir et la guerre civile, la vie quotidienne et la place des femmes, grâce aux fières héroïnes Ellen et Aliéna.
   J'ai eu du mal à me lancer dans cette lecture car l'auteur me faisait un peu peur. J'avais été échaudée par un de ses livres, "Le troisième Jumeau" que je n'avais pas vraiment apprécié. Mais finalement, aucun regret mais une envie irrésistible de lire "Un monde sans fin" du même auteur et qui apparemment reprend l'histoire à partir des descendants des personnages des Piliers de la Terre dans le XIVè siècle. Et ça m'a tout l'air d'être aussi un sacré pavé à lire... J'ai vraiment hâte!

Les premières lignes:
   Les jeunes garçons arrivèrent de bonne heure pour la pendaison.
   Il faisait encore sombre quand les trois ou quatre premiers d'entre eux s'étaient glissés hors de leur taudis, silencieux comme des chats dans leurs bottes de feutre. Une mince pellicule de neige fraîche recouvrait la petite ville, comme une couche de peinture neuve, et leurs empreintes furent les premières à en souiller la surface immaculée. Ils passèrent entre les huttes de bois serrées les unes contre les autres et suivirent les rues, où la boue avait gelé, jusqu'à la place du marché silencieuse où la potence attendait.

Ma note: 9 / 10

=> Canal Plus a diffusé la série télévisée adaptée du livre fin 2010. Voir ici.

Comments

[Karine:)]

Je l'ai beaucoup aimé aussi, celui-là. C'est une très belle fresque, très simple à la fois, qui m'a donné le goût d'aller voir les cathédrales anglaises!